[Gouda, le 13 juin 1693]

A Pierre Bayle à Rotterdam

Dans votre suprême bonté et bienveillance, très éminent Bayle, vous pardonnerez facilement la faute d’un homme qui l’avoue. Je me souviens bien d’avoir promis, quand je serais de retour chez moi à Rotterdam, de vous apporter à la fois tous les livres dont vous aviez demandé le prêt pour quelques jours au noble Monsieur de Witt [1]. En fait, séduit par le contenu de la bibliothèque et des ressources en antiquités et retenu toute la semaine alors que j’avais prévu de n’y rester que trois jours, j’ai été obligé de retourner tout droit chez moi. Je suis donc rentré de peur que par une plus longue absence les affaires accumulées ne fassent obstacle de sorte que je n’ai eu finalement que ce jour-là pour envoyer les livres. J’aimerais que vous me les rendiez si vous les avez lus, ou du moins celui d’ Oldoinus [2] puisque je ne suis pas expert en italien pour que je voie lesquels entre les livres promis pourraient augmenter ma bibliothèque. Si vous n’êtes pas rebuté par les écrivains italiens de ce genre, j’aimerais que vous les annotiez à mon intention. Vous ferez certainement un travail utile pour moi et pour le public. Je répondrai toutes les fois qu’il en sera occasion.

Quant à vous, quand viendrez-vous chez nous ? Ne tardez pas, le solstice approche, les jours de canicule menacent, apportant une chaleur excessive.

Adieu très excellent Bayle et aimez toujours votre Almoleveen.

Donnée le jour même des Ides de juin 1693

Notes :

[1Nous ne connaissons pas la liste de ces livres : une lettre de Bayle à Johan de Witt doit être perdue. Dans le post-scriptum de sa lettre du 22 juin (Lettre 928), cependant, Bayle évoque des ouvrages d’auteurs florentins et d’auteurs étrusques qu’il aurait demandés à Johan de Witt et en particulier le titre De scriptoribus Ligusticis d’ Oldoinus et l’ouvrage de Raffaele Soprani, Li scrittori della Liguria, e particolarmente della maritima (Genova 1667, 4°) : voir Lettre 935, n.8.

[2Il se peut qu’il s’agisse de l’ouvrage d’ Oldoinus, Athenæum romanum, mentionné dans la lettre de Bayle à Minutoli du 5 mars 1693 (Lettre 911 : voir n.13), mais le même auteur publia par la suite deux ouvrages semblables qui pouvaient intéresser Bayle : Athenæum Augustum : in quo Perusinorum scripta publice exponuntur (Perusiæ 1678, 4°) et surtout Athenæum Ligusticum : seu Syllabus Scriptorum Ligurum nec non Sarzanensium ac Cyrnensium Reipublicæ Genuensis Subditorum (Perusiæ 1680, 4°), auquel il est fait référence dans la Lettre 935 (voir n.8).

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