Lettre 959 : Pierre Bayle à François Pinsson des Riolles

A Monsieur Pinsson 21 [décem]bre [1693 [1]]

J’ap[p]ris il y a deux jours, Monsieur, avec un chagrin que je ne puis vous exprimer, qu’une lettre que j’avois eu l’honneur de vous ecrire [2] fut mise par Mr Leers libraire de cette ville sous celle qu’il ecrivoit à l’un de ses correspondans de Paris, et que ce correspondant s’est evadé*. Je crains donc que ma lettre ne soit egarée pour jamais ; j’en suis inconsolable à cause que vous aurez pu me soupconner d’avoir mal repondu à mon devoir par rap[p]ort au paquet que l’ami de Mr Turretin m’a donné de votre part. Je vous en faisois les remercimens les plus sinceres qu’il m’etoit possible, je vous remerciois en particulier de la lettre de Mr Perrault [3] et vous sup[p]liois de l’asseurer de mes tres humbles respects ; je vous adressois une longue lettre pour Mons r Graverol [4]. Si tout cela est perdu, que je suis à plaindre, car le peu de loisir que j’ay m’ote la liberté d’ecrire, et j’ai une repugnance insurmontable à ecrire deux fois sur la meme matiere. Je veux esperer que la lettre vous reviendra tot ou tard[ ;] je vous repondois sur la traduction d’ Ovide [5] qu’aucun libraire d’ici n’en veut donner ce qu’on en demande, et quant à la Vie de Mr l’abbé Des-Camps on ne sait ce que c’est [6]. /

Je suis autant qu’on le peut etre Monsieur votre tres humb[le] et ob[ligé] serviteur.

Notes :

[1Le millésime découle de la mention de la Lettre de Perrault sur l’ode de Boileau : voir ci-dessous, n.3.

[2Il s’agit ici d’une erreur de la part de Bayle : comme on le verra par les détails qu’il donne dans la suite de la présente lettre, il craint que sa lettre du 19 novembre 1693 (Lettre 955) ne se soit perdue. Or, celle-ci était adressée à Pinsson des Riolles et elle est bien parvenue à destination – comme Bayle le constatera lui-même dans sa lettre du 8 février 1694 (Lettre 965) adressée à Pinsson des Riolles.

[3Il s’agit de la Lettre de Charles Perrault où il critique l’ode pindarique de Boileau sur la prise de Namur : voir Lettre 955, n.3.

[4Bayle avait déjà fait allusion à sa réponse à François Graverol : voir Lettre 955, n.11.

[5La traduction d’ Ovide par Martignac : voir Lettre 955, n.9.

[6Sur cette biographie manuscrite de François de Camps qui, en effet, n’a jamais paru, voir Lettre 955, n.10.

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