A Pierre Bayle à Rotterdam
J’avais espéré pouvoir vous remettre personnellement ce petit commentaire qui vous est dédié mais ma mauvaise santé et une infirmité croissante due à certaines maladies m’ont refusé ce divertissement et cette joie souhaitée. Je ne doute pas du tout cependant que j’y prendrai plaisir quand il sera possible de faire un tour chez vous. Ce que j’avais décidé de demander de vive voix, je suis obligé maintenant de le faire par lettre. Il va sans dire que vous ne devez pas prendre en mauvaise part que le titre de votre très célèbre Plagiariorum Syllabus ait été fixé par moi-même [1] puisque cela était sollicité depuis longtemps par votre obligeance envers moi [et l’honneur que vous m’avez fait], ce que je reconnaîtrai avec gratitude tout le reste de ma vie. Je ne parlerai pas de ce que vous avez mérité de ma part et je ne dirai rien de votre mérite reconnu de tous. Je me réjouirai seulement de ce qu’il ne vous déplaît pas d’en être conscient. Je ferai mieux quand je pourrai. Soyez indulgent seulement et, comme vous avez fait jusqu’ici, continuez à m’aimer.
Donnée à Gouda le 13 e jour avant les Calendes de mars 1693 [1694].
Dans quelques jours, si Dieu le permet, je viendrai chez vous et apporterai avec moi les copies qui reviennent aux très distingués Basnage [2] et Scheper [3] que je vous prie de leur présenter en mon nom. Portez-vous bien.
Notes :
[1] Le titre du Plagiariorum Syllabus, l’appendice de Bayle publié dans l’ouvrage d’Almeloveen, Amœnitates theologico-philologicæ : voir Lettre 998, n.12.
[2] Jacques Basnage.
[3] Il s’agit sans doute de Bastiaen Schepers, ancien membre « républicain » du