XVI. Annexe3. Lettre : à
Annexe III
Lettre inédite : N. Niset à Pierre Bayle [1]
[Maastricht, le 22 juillet 1686]
Monsieur,
Je receus la semaine passée le livre reimprimé de Mr Deckherrus De scriptis adespotis, où j’ay trouvé que vous avez fait mention de moy au sujet du fameus livre dont l’auteur s’est caché sous le nom de Junius Brutus [2]. Guileaume Barclay [3] rejette le sentiment de ceux qui ont pensé que c’estoit Hottoman qui l’avoit fait. Il le fait pour deux raisons : 1° parce que Brutus s’appuye sur ce que Hottoman refute. 2° parce que le premier commet souvent des erreurs grossieres en matiere de droit, dont Hottoman n’estoit pas capable. L’imprimeur d’Amsterdam en l’an 1660 avoit ajugé ce livre à Théodore de Beze [4], ce qui a obligé le celebre Voetius à publier deux ans aprez un escrit [5], dans lequel, aprez avoir prouvé que Beze ne pouvoit pas estre l’auteur de ce livre, il rapporte ce que Simon Goulart, selon le rapport que Theodore Tronchin en a fait, a indiqué touchant l’auteur de ce traité [6] : selon luy, Languet l’a composé, et Mornay, en ayant esté prié par son ami l’a publié aprez sa mort.
Encore, Monsieur, que nostre illustre Deckherrus se soit assez étendu sur les livres qui regardent la religion, je croy pourtant qu’on luy pourroit joindre Monsieur Maestricht / professeur à Duisbourg au païs de Cleve in Historia juris ecclesiastici et pontificii [7] ; comme aussi à ce chapitre l’auteur des Lettres provinciales [8] publiées en France en 1656 et 1657, qui n’est pas inconnu ; celuy des Moyens surs et hon[n]estes pour la conversion de tous les hérétiques [9] en l’an 1681 ; celuy des Dissertations sur l’autorité legitime des Rois en matiere de regale [10] , en l’an 1682 ; celuy de l’ Examen de la conversion de Mr Coras [11] , imprimé à Geneve en l’an 1668 ; celuy de l’ Anatomie de la messe en italien, dont l’auteur a esté Antonin d’Adam, et traduite en François par C.D.I. [12] à Geneve en l’an 1555 ; celuy Van de Apostasie dat is van den afval der Christenen [13] , imprimé à Amsterdam en l’an 1659, dont on dit que l’auteur a esté un certain Brederode ; celuy de la Revision du concile de Trente contenant les nullitez d’iceluy, les griefs du roy de France et autres princes chrétiens ; de l’Eglise gallicane et autres catholiques en sept livres, imprimé en l’an 1600.
Vous vous etonnez, Monsieur, de ce que Monsieur Deckherrus n’a fait aucune mention du Bouclier d’estat et de justice, fait par le baron d’Isola [14]. On doit, peutestre, faire autant à l’egard du Politique du tem[p]s, que plusieurs donnent à ce meme ambassadeur [15]. L’auteur des Remarques necessaires à sa parfaite intelligence, et d’une Dissertation historique / et politique sur l’estat present de la chretienté imprimées avec ledit Politique en l’an 1674 est apparemment quelque ministre de Mr l’electeur de Cologne [16]. La Saulce au verjus sent fort le genie du meme baron [17]. Il ne seroit pas inutile, à mon avis, de laisser à la postérité la connoissance de semblables escrivains de ce tems, comme entre autres de celuy du Dialogue sur les droits de la reine tres chretienne, et de la Suite du meme Dialogue [18], 1668 ; de l’ Estat present de la France 1671 et 1672 [19] ; de la Déclaration juste, ou du discours sur la guerre declarée à la France par Mr le comte de MonteRey en l’an 1673 [20] ; de L’Europe esclave, si l’Angleterre ne rompt ses fers [21] , des Reflexions importantes ou de l’avis fidele d’un bon Anglois aux confederez sur l’état present des affaires [22] , imprimé en l’an 1678 ; de L’Empereur et l’empire trahi [23] etc.
Le president de Thou au livre 92 de son Histoire [24] fait mention d’un escrit publié en l’an 1588 sous le titre de Verax, comme il y a en latin, l’auteur en doit estre Michael Huraltus Hospitalius petit fils du chancelier. J’ay raison de croire que c’est l’escrit qui aprez en l’an 1590 a esté reimprimé sous le titre de Orbis Christiani Status, hoc est Discursus de triplici Potentia Regis Galliæ, Regis Navarae, et Guysiorum Principum [25] ou aux pages Discursus de rebus gallicis. Le susdit titre de Orbis Christiani Status est general et comprend / deux autres traitez joints au premier dans cette edition : l’un Commonefactio Germani Nobilis ad Reges Principes, et Christiani Orbis ordines, ou plus amplement à la teste de ce traité, Ad potentissimos et seremissimos Reges, Principes, reliquosque amplissimos Christiani Orbis ordines seria de Reip. Christianæ Statu ejusque salute atque incolumitate conservanda, Germani cujusdam nobilis, et patriæ amantis viri commonefactio ; l’autre, Vaticinium Sybillæ de Rege Franciæ et Navarræ Henrico Quarto, et calamitatibus toti Europæ impendentibus. Le traité du gentilhomme allemand vouloit à l’Espagne [26] [ sic]. Si le premier est le mém[e] que celuy dont Mr de Thou parle, comme je croy, il faut qu’il ait esté un peu changé dans la seconde edition, ou bien que cet illustre historien donnant l’extrait de ce livre y a negligé toute l’exactitude.
C’est encor[e] le méme auteur, ou pour le moins il veut qu’on le croye, qui a escrit celuy cy : Exactissimi discursus de rebus Gallicis Anno 1588. Editi continuatio, hoc anno Gallicé conscripta, nunc primum latiné reddita : qua de totius Europæ presente statu accuraté differitur, et Reges ac Principes Orbis ad vivum depinguntur [27] , ex specula Halcyonia anno 1592.
Un autre imprimé en l’an 1670 avec le titre T. Fatidici ad Dolo / bellum Mercurius, sive Ex concussi orbis motibus ac dissidiis, ad Reges et Principes, populumq[ue] universum Christianum laetus, et ominosus nuntius. Heliosophopoli. Cum gratia et privilegio veritatis ; merite encore qu’on en recherche l’auteur. Si je ne me trompe, c’est un gentilhomme du costé de la Hongrie et de la religion reformée, qui a fort voyagé. Je ne me souviens plus de son nom [28]. L’onziéme chapitre de ce livre doit plaire à Monsieur Jurieu [29]. On voit un autre intitulé Interests et maximes des Princes et des Etats souverains, item Maximes des Princes et des Etats souverains, imprimé à Cologne en l’an 1666. La premiere partie n’est pas sans abus [30].
Parmi les auteurs du droit il ne faut pas oublier celuy qui a donné au public la Cautio criminalis in processibus adversus sagas [31] . On en a obligation à un theologien de la religion romaine, qui a esté confesseur d’un grand prince. On trouvera peut estre son nom quelque part ailleurs. Teleman de Benignis est reconnu pour Joh. Gueldæus [32]. Diatriba de mutuo non esse alienationem, auctore Alexio à Massalia, Domino de Sancto Lupo. Cela veut dire Claudius Salmasius, et la raison en est connue [33]. Epistolæ mundi Procerum, sive Epistolæ Regum, Principum, Rerum publicarum, ac Sapientum virorum, 1574 Venetiis, et 1603, Argentinæ excusæ, ont aussi / un collecteur sans nom [34].
J’ay, Monsieur, encore deux remarques à faire sur le livre de Mr Deckherrus. La premiere regarde le Calvino Turcismus [35] dont il est parlé pag[e] 152. Guilielmus Giffordus dit dans une courte preface que Guilielmus Reginaldus a commencé cet ouvrage, et que la mort l’a empesché de le parfaire, ce que luy Giffordus, selon la promesse qu’il en avoit donnée à son ami, a fait. Theophilus Spizelius dans son Infelix literatus commone [36] §23 fait aussi le premier auteur de ce livre, l’appellant Raynoldus. On trouve chez luy une histoire tres extraordinaire de cet auteur et de son frere [37].
L’autre remarque est sur ce que Mr Deckherrus escrit sur la fin de la 14 section pag. 343 touchant Fenestella, qu’il ne croit pas estre nommé dans les Pandectes. Il le trouvera in l[ivre] 1 § 1 De officio quæstoris [38].
Voilà, monsieur, ce que j’ay cru vous pouvoir communiquer par la presente occasion. Vous en jugerez. Je viens aussi de communiquer à Monsieur Jurieu les pensées que j’ay eues sur quelques passages de son ouvrage de L’Accomplissement des propheties. Je n’ay pas encor[e] eu le tem[p]s de les examiner moy mesme [39]. Il aura peut estre la bonté de s’en charger.
Je finy, Monsieur, avec beaucoup d’estime / pour vostre personne, en me disant avec beaucoup de verité, Monsieur, vostre tres humble et tres obeïssant serviteur
A Maestricht le 22 juillet 1686
J’ay l’honneur de manger, Monsieur, avec un officier de vostre païs, nommé Falentin [40], il m’a prié fort de vous saluer de sa part.
P.S. Depuis la mort de Guilleaume second de ce nom, prince d’Orange on a encor[e] veu en Hollande plusieurs anonymes pour les affaires d’Etat et du gouvernement [41] qui ne meritent pas moins de laisser la connoissance de leur nom à la postérité.
A Monsieur / Monsieur Bayle, professeur / en philosophie et en histoire / à / Rotterdam
Notes :
[1] Source : lettre autographe collée par Bayle dans son exemplaire de l’édition par Almeloveen du livre de Johann Deckherr, De scriptis adespotis-pseudepigraphis, et suppositiis conjecturæ, cum additionibus variorum. Editio tertia altera parte auctior (Amstelodami 1686, 12°), pour laquelle Bayle avait préparé sa lettre Epistola de scriptis adespotis : voir ci-dessus, Annexe II. Cet exemplaire est signalé dans le catalogue manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal, ms. 6.297, f° 207, et porte actuellement la cote 8-H-24639. Nous en devons la découverte à Christian Albertan, que nous remercions vivement de nous l’avoir signalé. Nous ne saurions identifier plus précisément N. Niset (ou Nizet), procureur à Maastricht ; il est possible qu’il soit apparenté à G. Nizet, avocat résidant à Maastricht et auteur d’une Réponse sommaire au livre intitulé « Avis aux réfugiés sur leur prochain retour en France » (Maastricht 1690, 12°) : voir Lettres 300, n.7, et 819, n.13. Celui-ci devait publier également Deux lettres touchant la necessité et l’autorité prétenduë de la tradition, nouvellement écrites à un ami, au sujet de l’« Histoire critique du Vieux et du Nouveau Testament », composée par le Père Simon (Amsterdam, Abraham Wolfgang 1692, 4°).
[2] Voir ci-dessus, Annexe II, §2, sur Hotman et le livre de Junius Brutus : « Peu de temps après, le très savant Monsieur Niset, procureur à Maastricht, m’a demandé dans une lettre si le très célèbre Huber était bien l’auteur de ce remarquable commentaire sur le droit civil, dont je donnais alors un résumé. » Bayle avait attribué le livre de « Junius Brutus » à François Hotman dans les NRL, septembre 1684, art. VI : voir Lettre 537, n.5.
[3] Guillaume Barclay (1546-1608), De potestate papæ : an et quatenus in reges et principes seculares jus et imperium habeat. Liber posthumus ; ejusdem De regno et regali potestate : adversus Buchananum, Brutum, Boucherium, et reliquos monarchomanos, libri VI (Hanoviæ 1612, 8°) ; Traité de la puissance du Pape sur les princes séculiers (Cologne, s.d., 12°).
[4] Vindiciæ contra tyrannos : sive, De principis in populum, populíque in principem, legitima potestate (Amstelodami, apud Ægidius Valckenier 1660, 12°). Comme Bayle le relève dans sa « Dissertation sur le livre de Junius Brutus », §IX, l’éditeur ajouta au titre « Stephanio Juno Bruto Celta, sive, ut putatur, Theodoro Beza auctore », ce qui déclencha les protestations des théologiens genevois, qui signifièrent au magistrat d’Amsterdam l’innocence de Théodore de Bèze et les indications données par Théodore Tronchin dans son oraison funèbre de Simon Goulart : voir ci-dessous n.6.
[5] Bayle revient sur cette question assez longuement dans sa « Dissertation sur le livre de Junius Brutus », publiée dans le DHC : il s’agit ici des « thèses » de Gijsbert Voet (Voetius : 1589-1676), Politicæ ecclesiasticæ (Amstelodami 1663-1676, 4°, 4 vol.). La Dissertatio de Voet fit l’objet d’une réfutation sur un point de détail (la date de la première attribution des Vindiciæ à Théodore de Bèze) par Vincent Placcius, De scriptis et scriptoribus anonymis atque pseudonymis syntagma (Hamburgi 1674, 4°).
[6] Voir la lettre de Bénédict Pictet à Bayle du 10 mars 1686 (Lettre 537) : « Il me semble que dans l’un de vos mercures vous faisiez Hotman autheur du Junius Brutus, Vindicia c[o]ntra tyrannos, je ne scay, si je ne me trompe point car je n’ay pas presentement votre livre, mais si vous estes de ce sentiment, vous me permettrez de vous dire que ce livre a un autre autheur Langue[t] tres grand ami de Mr Duplessis, il y a une dissertation imprimée en Hol[l]ande sur ce sujet ayez la curiosité de la lire. Vous y apprendriez / qu’ Henri III fit demander à Mr Goulard pasteur de Geneve qui etoit l’autheur de ce livre, et si c’etoit Mr de Beze, et Mr Goulard se contenta de luy dire que Mr de Beze n’y avoit point de part, sans luy nommer l’autheur, quoy qu’il le sceut. » Cette indication et le propos de Niset dans la présente lettre sont repris par Bayle dans sa « Dissertation sur le livre de Junius Brutus », §VIII : « C’est à la mort de Simon Goulart [1543-1628] que les seaux ont été levez, pour la pleine révélation du mystere. En effet, Théodore Tronchin, professeur en théologie, faisant l’oraison funèbre de ce ministre, exposoit qu’il avoit une lecture et une mémoire presque infinies, et qu’on recouroit à lui comme à un oracle, pour savoir au vrai ce que l’on souhaitoit de bien savoir. Preuve de cela, c’est que le roi Henri III, aiant une passion de connoître l’auteur qui s’étoit caché sous le faux nom d’Etienne Junius Brutus, et n’aiant pu en venir à bout quelques expédien[t]s qu’il eût emploiez, résolut enfin d’en venir à la voie qu’il crut la plus courte : ce fut de l’envoier demander à Simon Goulart. Mais celui-ci, pour ne pas commettre les interessez, ne parla pas en ce tem[p]s-là, quoiqu’il eût vu l’original de l’auteur, et qu’il sût que l’ouvrage avoit été composé par Hubert Languet, et que Du Plessis Mornai étant devenu le maître du manuscrit après la mort de l’auteur, le fit imprimer par Thomas Guarin. »
[7] Gerhard von Mastricht, Historia juris ecclesiastici et pontificii, seu De ortu, progressu, incrementis, collectionibus, auctoribusque juris ecclesiastici et pontificii tractatio (Halæ 1705, 8°). Leibniz avait évoqué ce professeur de Duisburg (1669) et syndic de la république de Brême de 1687 à 1721 dans sa lettre du 27 décembre 1698 (Lettre 1402, n.8).
[8] Blaise Pascal, Les Provinciales, ou, les lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis, et aux RR. PP. jésuites : sur le sujet de la morale, et de la politique de ces peres (Paris 1656-1657, 12°).
[9] Pierre Jurieu, Moyens surs et hon[n]estes pour la conversion de tous les heretiques, et avis et expedien[t]s salutaires pour la réformation de l’Eglise (Cologne, Pierre Marteau 1681, 12°).
[10] Rolland Levayer de Boutigny, Dissertations sur l’autorité legitime des rois en matiere de regale (Cologne, Pierre Marteau 1682, 12°).
[11] Examen de la conversion de M. Coras, où est amplement traitée la controverse de l’union des calvinistes avec les luthériens (Genève, Jean Miège 1668, 12°).
[12] Il s’agit d’un ouvrage attribué à Pierre Paul Vergerius (?-1565), qui s’était convaincu de la vérité de la doctrine luthérienne de la justification et qui, dès lors, fut poursuivi par l’Inquisition. Bayle reprend les éléments bibliographiques concernant son livre dans le DHC, art. « Vergerius (Pierre Paul) », rem. F : « Il publia plusieurs livres qui firent beaucoup de tort à la communion romaine. [...] Je dirai un mot de celui qui a pour titre Epitome libri cui titulus « Anatomia missæ » ab Antonio de Adamo. Je n’ai point vu cet Abrégé de l’anatomie de la messe, et je ne sai si ceux qui en parlent écrivent bien le nom de celui qui a composé cette Anatomie ; car je trouve dans l’edition latine de cet ouvrage que l’autheur s’appelle
[13] Lancelot van Brederode (1583-1667), Vande apostasie, dat is vanden afval der christenen. Door een ondersoecker der waerheyt (Amstelodami 1659, 8°).
[14] François Paul de Lisola, Bouclier d’Estat et de justice, contre le dessein manifestement découvert de la monarchie universelle, sous le vain prétexte des prétentions de la reyne de France (Bruxelles, François Foppens 1667, 8°) : sur cet ouvrage, voir C.-E. Levillain, Le Procès de Louis XIV. Une guerre psychologique (Paris 2015), p.79-187.
[15] François Paul de Lisola [?], Le Politique du temps, ou, le conseil fidelle sur les mouvemen[t]s de la France : tiré des evenemen[t]s passez pour servir d’instruction à la Triple Ligue (Charle-Ville [Bruxelles] 1671, 12°). L’attribution n’est pas absolument certaine, quoiqu’elle soit acceptée par les catalogues des bibliothèques : voir C.-E. Levillain, Le Procès de Louis XIV, ch. VI, p.231-264.
[16] Lisola [?], Le Politique du temps, avec les remarques nécessaires à sa parfaite intelligence et une dissertation historique et politique sur l’estat présent de la chretienté (s.l. 1674, 12°). Nous ne saurions confirmer l’attribution des deux pamphlets imprimés en appendice de l’ouvrage attribué à Lisola. En 1686, l’archevêque-électeur de Cologne depuis 1650 était Maximilien-Henri de Bavière (1621-1688), dont le coadjuteur était Guillaume-Egon de Fürstenberg (1629-1704).
[17] François-Paul de Lisola, La Sauce au verjus (Strasbourg 1674, 12°).
[18] Le Dialogue sur les droits de la reyne tres-chrestienne (Paris 1667, 8°) est attribué à Antoine Billain (ou Bilain : ?-1672) ; la Suite du dialogue sur les droits de la reyne tres-chrestienne (Bruxelles, François Foppens 1668, 12°) est de Lisola.
[19] La Bibliothèque historique de la France de Jacques Lelong (n lle éd., Paris 1768-1778, folio, 5 vol.), ii.778, livre III :
[20] La Déclaration juste ou discours sur la guerre déclarée à la France par M. le comte de Monte-Rey l’an 1673 (Ville-Franche 1678, 12°), publié sous le nom de l’imprimeur fictif Pierre Bonard.
[21] Jean-Paul de Cerdan, L’Europe esclave si l’Angleterre ne rompt ses fers (Cologne 1677, 12°) : ouvrage cité par Pierre Jurieu dans son pamphlet Avis à tous les alliez, protestan[t]s et catholiques romains, princes et peuples, souverains et sujets, sur le secours qu’on doit donner aux soûlevez des Cevennes (s.l. 1705, 4°), p.4, puisqu’il annonce la « Glorieuse Révolution » de Guillaume III d’Orange en 1688 : voir Lettre 1650, n.11.
[22] Les Reflexions importantes, ov avis fidele d’un bon Anglois aux confederez : sur l’état present des affaires (Ville Franche, P. Roulin 1678, 12°).
[23] Jean-Paul de Cerdan, L’Empereur et l’empire trahis. Et par qui et comment (Cologne, Pierre Marteau 1681, 12°).
[24] Jacques-Auguste de Thou, Historiarum sui temporis ab anno Domini 1543 usque ad annum 1607, libri CXXXVIII, quorum LXXX priores multo quam antehac auctiores : reliqui vero LVIII nunc primum prodeunt […] Accedunt commentariorum De Vita sua libri sex hactenus inediti (Aurelianæ 1626, folio, 5 vol. ; Francofurti 1628, folio, 4 t. en 2 vol.).
[25] Nous n’avons pas trouvé le livre intitulé Verax, mais bien celui publié sans nom d’auteur sous le titre Orbis christiani status. Hoc est discursus de triplici potentia regis Galliae, regis Navarrae et Guysiorum principum. Tum commonefactio Germani nobilis ad reges, principes et christiani orbis ordines. Item vaticinium sibyllae de rege Franciae et Navarrae Henrico IV (s.l. 1590, 8°). L’attribution proposée par Niset n’est pas confirmée par les catalogues des bibliothèques. Le gendre de Michel de L’Hospital (vers 1506-1573), Robert Hurault, épousa en 1557 Madeleine de L’Hospital, fille unique du chancelier : ils eurent neuf enfants, dont Michel Hurault de L’Hospital (1559-1592), seigneur du Fay et de Belesbat, calviniste, qui hérita de la bibliothèque du chancelier ; celui-ci éduqua son petit-fils à partir de 1568. Michel Hurault de L’Hospital se consacra aux armes et aux lettres, collabora à la publication de la première édition des Carmina (1585) et épousa Olympe Du Faur, fille de Guy Du Faur, seigneur de Pibrac, neveu de Jacques Du Faur, l’ami intime du chancelier. La lignée de Michel Hurault de l’Hospital s’éteignit en 1706. Voir L. Petris, La Plume et la tribune : Michel de L’Hospital et ses discours (1559-1562). Suivi de l’édition du « De initiatione Sermo » (1559) et des discours de Michel de L’Hospital (1560-1562) (Genève 2002), p.69.
[26] Lapsus, sans doute, pour « Le traité du gentilhomme allemand
[27] Michel Hurault de L’Hospital, Discursus de rebus Gallicis : Quo de totius Europæ statu præsente accuratè disseritur : et reges ac principes orbis ad vivum depinguntur (Argentorati 1589, 8°).
[28] Alexander Julius Torquatus a Frangipani, T. Fatidici ad Dolobellum Mercurius (Heliosophopoli 1670, 12°), dédié au prince Cosme III de Médicis.
[29] Alexander Julius Torquatus a Frangipani, T. Fatidici ad Dolobellum Mercurius, Codicillus XI : « Causa morbi universalis, Religio, ratio sanitatis, universale remedium ». La remarque de Niset est évidemment ironique.
[30] Interests et maximes des princes et des états souverains (Cologne 1666, 12° ; 3 e éd. Cologne 1683, 12°). Selon le catalogue de la BNF, la première partie de cet ouvrage est due à Gatien Courtilz de Sandras ; la deuxième partie comporte d’importants extraits de l’ouvrage De l’intérest des princes et Estats de la chrestienté (Paris 1639, 12°) d’Henri, duc de Rohan (1579-1638).
[31] Friedrich Spee von Langenfeld (1591-1635), S.J., Cautio criminalis seu de processibus adversus sagas liber, magistratibus Germaniæ hoc tempore summè necessarius, tum autem consiliariis, et confessariis principum, inquisitoribus, judicibus, advocatis, confessariis reorum, concionatoribus, caeterisq[ue] lectu utilissimus (Rinthelii, Petrus Lucius 1631, 12°). Voir aussi la traduction française par Ferdinand Bouvot, Advis aux criminalistes sur les abus qui se glissent dans les procès de sorcelerie, dédiés aux magistrats d’Allemagne. Livre très nécessaire en ce temps-icy, à tous juges, conseillers, confesseurs (tant des juges que des criminels), inquisiteurs, prédicateurs, advocats et mêmes aux médecins (Lyon, Claude Prost, 1660, 12°), l’édition récente établie par O. Maurel sous le titre Allemagne 1660 : un confesseur de sorcières parle. Cautio criminalis. Réquisitoire contre les procès de sorcières par un prêtre allemand du dix-septième siècle (Paris 2000), la traduction anglaise par M. Hellyer (Charlottesville, VA 2003) et la traduction allemande, Cautio criminalis, oder, Rechtliches Bedenken wegen der Hexenprozesse für die Obrigkeiten Deutschlands gegenwärtig notwendig aber auch für die Ratgeber und Beichväter (trad. J.-F. Ritter, München 2007, 2012) ; Friedrich Spee. Sämtliche Schriften, historisch kritische Ausgabe (Tübingen, Basel 1992, 3 vol.). Voir l’étude de N. Kleemann, Friedrich Spee : Cautio Criminalis (1631). Entstehung, zeitlicher Hintergrund, Wirkung (Magisterarbeit [M.A.], Philosophische Fakultät der Westfälischen Wilhelms-Universität Münster, Westfalen 2008).
[32] Cette formule laconique désigne l’auteur de l’ Illustrium et solemnium observationum, summi statuum imperii consistorii, sive cameræ imperialis, apospasma prodromon, auctore Joanne Thilmanno de Benignis, jurisconsulto Germaniæ celeberrimo, insigniq[ue] practico (Ursellis, Hartmanni Palthenii 1600, folio) : Johannes Thilmann de Benignis (ou Tilemannus) est le pseudonyme de Johann Goeth : voir V. von Bar et P. Dopffel (dir.), Deutsches Internationales Privatrecht im 16. und 17. Jahrhundert (Tübingen 2001, 2 vol.), ii.752.
[33] Claude Saumaise, Diatriba de mutuo, non esse alienationem. Adversus Coprianum quemdam juris doctorem. Auctore Alexio à Massalia, domino de Sancto Lupo (Lugduni Batavorum, Jean Maire 1640, 8°). Sur la tonalité de cet ouvrage polémique et sur sa réception, voir C.L. Vermeulen, « Strategies and slander in the Protestant part of the Republic of Letters : image, friendship and patronage in Etienne de Courcelles’ correspondence », in T. van Houdt, J. Papy, G. Tournoy et C. Matheeussen (dir.), Self-presentation and social identification : the rhetoric and pragmatics of letter writing in early modern times (Leuven 2002), p.247-280, en particulier p.257-258.
[34] Epistolæ principum, rerumpublicarum, ac sapientum virorum. Ex antiquis et recentioribus, tàm Græcis, quàm Latinis historiis et annalibus collectæ. Opus ad rerum cognitionem, et ad prudentiam comparandam apprime utile, apophtegmatum et gravium responsorum, innumeram et auream copiam continens. Numquam antea editum (Venetiis 1574, 1603, 8°), recueillies par Girolamo Donzellini (nous n’avons su localiser un exemplaire de l’édition de 1603). Ce recueil ne doit pas être confondu avec celui des Epistolæ Obscurorum Virorum, sur lequel voir Lettre 1626, n.5.
[35] Calvino-Turcismus. Id est Calvinisticæ perfidiae, cum Mahumetana Collatio ... Quatuor libris explicata (Antwerpiæ 1597, 8° ; Coloniæ Agrippinæ 1603, 8°) par William Rainolds, édité par Guillaume Gifford, dit Guillaume de Sainte-Marie, successivement évêque d’Archidiapolis et archevêque de Reims. Bayle s’explique sur ce livre dans sa lettre à Des Maizeaux du 19 janvier 1706 (Lettre 1695, n.14), commentant son article du DHC, art. « Sutlivius ou Sutclivius (Matthieu) ».
[36] Theophilus Spizelius, Infelix literatus, labyrinthis et miseriis suis cura posteriori ereptus, et ad supremae salutis domicilium deductus, sive de vita et moribus literatorum commonefactiones (Augustæ Vindelicorum, Theo. Goebel 1680, folio), Commonefactio XXIII, « Salamandra literaria, et doxosophus litigiosus, sive de extrema contentionum et vitilitigationum literariarum pernicie », p.687.
[37] Sur l’histoire de la conversion réciproque des deux frères Reynolds (ou Rainold), voir Lettre 1695, n.14, et le DHC, art. « Sutlivius ou Sutclivius (Matthieu) », comme aussi dans le livre de Spizelius, à l’endroit indiqué (voir la note précédente).
[38] Dans son ouvrage De officio quæstoris, D.i.13, Ulpien (Domitius Ulpianus) cite Fenestella (vers 52 av. J.C.-19), qui écrivait sur des questions de droit. Voir Les Cinquante Livres du digeste ou des pandectes de l’empereur Justinien, trad. Hulot (Metz, Paris 1805), i.89-90 : « Titulus XIII. De officio quæstoris. 1. Ulpianus lib. singulari de Officio quæstoris. §1. « Et à genere quærendi quæstores initio dictos, et Junius, et Trebatius, et Fenestella scribunt. » Traduction : « Junius, Trébatius et Fénestella tirent l’étymologie du nom de
[39] Niset dit avoir « eues » ces « pensées », signifiant sans doute par là qu’il les a « reçues » ou « obtenues ». Deux critiques de L’Accomplissement des prophéties de Jurieu parurent en 1687, l’une de Jacques Philipot et l’autre de Jacques Gousset (1635-1704). Il semble que Niset eût obtenu la communication d’une version manuscrite de l’une d’entre elles. Dans son exemplaire de l’édition 1686 de Deckherr, Bayle ajoute, sur une page blache insérée entre les pages 4 et 5, sous le titre : Libri anonymi seq[uen]tes sunt opera D. Jurieu, dans une section intitulée « Ceux qui ont écrit contre lui », la note suivante : « Quant à l’anonyme qui a critiqué l’ Apocalypse et contre lequel Mr Jurieu a publié quelque chose à quoi l’anonyme a opposé une Défense des « Eclaircissements sur l’Apocalypse de saint Jean au sujet de l’effusion des phioles » imprimée chez Daniel Du Fresne 1687, il se nomme Mr Philipot ministre cy devant de Cleves. L’auteur de l’ Examen des endroits de « L’Accomplissement des propheties » de Mr J[urieu] q[ui] concernent la supputation des tem[p]s e[st] Mr Jacques Gousset cy devant ministre à Poictiers et puis à Dordrecht. » L’ouvrage initial de Philipot s’intitule Eclaircissements sur l’Apocalypse de S. Jean : systeme nouveau, où l’on fait voir l’an, où a commencé l’empire papal, et celuy où il doit finir, l’an où a commencé la puissance des jésuites et où elle doit prendre fin, avec le temps du rétablissement de la Réformation en France, et une explication sommaire du règne de mille ans (Amsterdam 1687, 12°) ; le titre complet de celui de Gousset est le suivant : Examen des endroits de « L’Accomplissement des propheties » de Mr J[urieu] q[ui] concernent la supputation des temps ; et de quelques autres endroits considérables : par lequel il paroist que l’on ne peut compter sur ses explications. Avec un semblable examen de son « Apologie [pour l’Accomplissement des prophéties] », nouvellement imprimée (s.l. 1687, 8°).
[40] Il s’agit sans doute d’un frère de Paul Falentin de La Rivière, ancien pasteur du Mas d’Azil et ancien aumônier du maréchal de Schomberg : après la mort du maréchal en 1690, Paul devait se réfugier à Londres et servir l’Eglise de La Savoie : voir Lettre 17, n.19, 484, n.1 et 2, et 601, n.21.
[41] Pour une bibliographie des pamphlets hollandais, voir W.P.C. Knuttel, Catalogus van de pampfletten-Verzameling berustende in de Koninklijke Bibliotheek, met Supplement en zaakregister, 1486-1795 (’s Gravenhage 1889-1920, 4°, 9 vol.). Les pamphlets de l’époque de la présente lettre sont commentés par P.J.W. van Malssen, Louis XIV d’après les pamphlets répandus en Hollande (Amsterdam, Paris 1936) ; H. Bots, « L’écho de la révocation de l’édit de Nantes dans les Provinces-Unies à travers les gazettes et les pamphlets », in R. Zuber et L. Theis (dir.), La Révocation de l’édit de Nantes et le protestantisme français en 1685 (Paris 1986), p.281-298 ; du même, « L’image de la France dans les Provinces-Unies », in H. Méchoulan et J. Cornette (dir.), L’Etat classique 1652-1715 : regards sur la pensée politique de la France dans le second XVII e siècle (Paris 1996), p.341-353.