[Gouda, le 9 décembre 1696]

A Pierre Bayle Rotterdam

Nous regrettons tous que les Parisiens ne nous répondent rien [1], et cela parce qu’ils se font énergiquement obstacle l’un à l’autre, aux imprimeurs, aux lecteurs et, surtout, à la réputation de Bergier, laquelle par cet ajout n’aurait peut-être pas été peu augmentée. Je ne doute pas que le traducteur ne poursuive vigoureusement sa tâche, à tel point que je crains non sans raison que les ajouts que je n’ose réclamer avec encore plus d’insistance n’arrivent trop tard. Je n’ai pas envie de mettre les gens en appétit [pour rien]. Je vous dois des remerciements renouvelés.

J’admets volontiers que cela vous est désagréable de ne pas pouvoir donner à quelque ami, même intime, un exemplaire de votre Dictionnaire qu’on sait récemment imprimé [2] ; vraiment, ayant une fois entendu mentionner le prix fou qu’on y met, personne, si ce n’est un imprudent ou un avare, ne l’aurait réclamé. Je n’ai pas besoin de vous trouver des excuses, moi qui me contente de très peu et m’attendais depuis longtemps au même désagrément si l’avarice des imprimeurs devait intervenir. Peut-être que plusieurs choses auraient été communiquées ou publiées qui maintenant sont rongées par les vers.

L’intention est d’envoyer par avance les petits poèmes de 9 femmes illustres, 1567, dans Plantin édité par Fulvio Orsini [3] ; si vous les avez, avec ceux de Sappho dans l’édition d’ A. Fabre [4], je voudrais que vous me les prêtiez pour quelques jours ; si vous ne les avez pas, je vous prie de m’indiquer la bibliothèque à laquelle je pourrai les emprunter. Vous mériterez comme toujours ma gratitude.

Au revoir, homme des plus affectueux, et quand vous en aurez le temps rendez-moi visite. Ma mère présente ses compliments à nos amis communs.

Donnée à Gouda le 5 e jour avant les Ides de décembre 1696.

Notes :

[1Almeloveen et Bayle attendaient toujours les notes de Bergier sur un exemplaire de son propre ouvrage, que devait leur envoyer Marc-Antoine Oudinet pour enrichir la traduction d’ Henninius : voir Lettres 1031, n.9, 1105, n.32, et 1125, n.32.

[2Bayle avait annoncé qu’il ne pouvait offrir à Almeloveen un exemplaire du DHC à cause de son prix très élevé : voir Lettre 1173 (voir aussi Lettre 1193). Cependant, il devait se raviser par la suite et Almeloveen allait bien recevoir un exemplaire : voir Lettre 1221, n.2.

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