Lettre 1330 : Louis Doucin à Pierre Bayle

• [Delft,] le 29 de novembre 1697

La paix de Notre Seigneur

Nos amis de Delft vous diront, Monsieur, la peine où je suis maintenant de n’avoir qu’un instant pour vous ecrire, et vous rendre de tres humbles graces de l’honneur que vous m’avez fait de me donner des marques de votre souvenir : je puis vous asseurer, Monsieur, qu’il me sera precieux toute ma vie, et que j’honnorerai et cherirai toujours en vous non seulement le scavant homme, mais l’homme sincere et cordial. Ce [ sic] peut il faire, mon cher ami, qu’etant tel, vous / ne cherchiez pas Dieu, et Sa verité, avec la meme droitture de cœur, par laquelle vous gagnez tous vos amis. Pardonnez moi ce petit mot, il a echap[p]é à la tendresse que j’ay pour vous.

Je vous envoïe, Monsieur, un endroit de mon ouvrage, où j’ay eté obligé de vous citer simplement comme temoin. Vous voyez bien que je ne puis pas etre sur cela de votre sentiment, mais si la maniere dont je l’explique, vous deplaisoit le moins du monde, obligez moi de me le mander* franchement, et promptement, afin que je l’adoucisse ; car je n’ay, je vous asseure, rien tant à cœur que de vous donner des preuves réelles du desir que j’ay de conserver l’honneur de votre amitié, et de votre estime.

Je viens encore de solliciter l’affaire du capitaine de l’Ile de Ré, et vous pouvez faire fonds, Mr, que je ne m’y endormirai pas. C’est par Mr Alexandre que l’on peut y reussir ; le meme qui y a deja travaillé, s’y emploiera avec joye ; je vous demande en echange Monsieur, de tourmenter Mr Léers, dont je connais le bon cœur, et que j’honnore de toute mon ame, mais que je croi un peu oublieux, jusqu’à ce qu’il m’ait envoié ses ordres touchant les cent exemplaires de mon histoire, que j’ay interest de mettre en vente avant le premier janvier : ce qui ne se peut faire qu’apres que je lui aurai envoié ce qui le regarde, cela me ferait un grand tort si lui et Mr Moettius differoient de m’ecrire sur cela pour me marquer à qui je dois remettre les cent exemplaires pour [...] et ordonner qu’on les embarque incessamment pour Roüen, où il y a foulle de vaisseaux[.]

Je ne vous mande point de nouvelles de litterature, parce que le tem[p]s me manque. Aimez moi, et soiez persuadé de l’estime et du respect avec lequel je serai toute ma vie, Monsieur, votre tres humble etc.

J’ay ecris [ sic] à Mr Léers, et à Mr Moettious separement, il y a deja quinze jours. Permettez / moi de saluer ici de tout mon cœur M rs Ba[s]nage .

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