Lettre 1362 : Pierre Bayle à Hervé-Simon de Valhébert

[Rotterdam,] le 12 e mai 1698

J’aurois eté bien aise, mon cher Monsieur que vous eussiez eu le loisir et la bonté de me donner des nouvelles de la santé de l’illustre patron, qui selon votre derniere lettre gardoit encore la chambre. Je me flat[t]e de l’agreable imagination que ses forces se sont augmentées de jour en jour, et qu’’il joüit depuis assez long tem[p]s de sa premiere santé. Je le souhaite passionnement, et je vous sup[p]lie de vouloir bien l’asseurer de mes respects tres profon[d]s en lui remettant l’imprimé que je me donne l’hon[n]eur de lui envoier. On l’attribuë à Mr Jaquelot ministre à la Haye, que vous connaissez sans doute par des ouvrages qui l’ont deja mis dans la classe de nos gran[d]s auteurs. Cet imprimé a eté fort ap[p]laudi en ce pays. On y voit beaucoup de moderation.

Nous n’avons presque aucun livre / nouveau depuis ma derniere ; j’ai seulement veu le 3 e volume de Bynæus De morte Christi. C’est un commentaire sur les versets de l’Evangile où la passion de notre Seigneur est decrite. L’auteur n’y dit presque rien de son chef ; il ne fait que recueillir les dif[f]eren[t]s sentimen[t]s des plus doctes commentateurs. Il a deja fait de pareils ouvrages sur la nativité, et sur la circoncision du Messie, et il promet un 4 e tome où il achevera de commenter l’histoire de sa passion.

Un ministre francois refugié à Grœningue vient de publier un ouvrage intitulée Vesperæ Groninganæ où il examine diverses dif[f]icultez qui se presentent en lisant l’Ecriture. Braunius prof[esseur] en theol[ogie] au meme lieu vient de donner une nouvelle edition corrigée et augmentée de son gros livre De vestibus sacerdotum Hebræorum. On vient aussi de donner une nouvelle addition corrigée et augmentée du livre de feu Mr Puffendorf De Jure naturali et Gentium, et un traitté particulier du / meme auteur intitulé Analecta politica, où il discute plusieurs questions de politique. Aiez la bonté de faire tenir l’incluse à Mr Pinsson ; je le renvoie à vous Monsieur pour les nouveautez lit[t]eraires que j’aurois pu lui ecrire.

Je suis Monsieur votre tres humble et tres obeissant serviteur

Bayle

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