Lettre 1389 : Pierre Bayle à Gijsbert Kuiper

Monsieur

Avant que je recusse la premiere des deux dernieres lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’ecrire, Mr l’ abbé Du Bos etoit parti de ce pays pour s’en retourner en France. Je lui ferai savoir ponctuellement tout ce que vous m’avez ecrit d’obligeant et d’honnete sur son sujet, et je m’en serois deja a[c]quitté / si j’avois scu son arrivée à Paris dont il me promit de m’avertir dès qu’il y serait. Je n’ai pas encore recu de ses nouvelles.

Je recus la semaine passée une lettre de Mr Nicaise : il me charge de vous assurer de ses respects ; il crie toujours bien haut et avec raison contre ceux qui gardent des lettres qui sont destinées à d’autres. C’est en effet un des plus honteux larcins ; et comme vous le dites fort bien Monsieur, c’est faire le metier de voleur des gran[d]s chemins de la Rep[ublique] des Lettres.

Je compren[d]s par vos dernieres Monsieur, que vos deux dernieres depeches l’une pour cet abbé, et l’autre pour le P[ère] Pagi lesquelles ont passé par mes mains, et / que j’addressai au bibliotheq[uaire] de Mr l’abbé Bignon ami de Mr Nicaise n’ont pas fait naufrage en chemin. Cependant Mr Nicaise ne me dit point qu’il ait recu la sienne.

Je suis avec toute sorte de respect, Monsieur, votre tres humble et tres obeissant serviteur

Bayle

A Rotterdam le 28 ^e d’oct[obre] 1698