Lettre 1399 : Pierre Bayle à Bernard de La Monnoye

[Rotterdam,] le 16 déc[embre] 1698

Pour Monsieur de La Monnoie

Je ne recus qu’hier vos derniers memoires Monsieur. Ceux par les mains de qui ils ont passé à Paris les ont trouvez si curieux qu’ils les ont fait voir à leurs amis, je ne doute pas que Mr Spanheim l’ambassadeur qui les a eus en sa puissance pendant son voiage de Lorraine, n’en ait fait tirer une copie. En tout cas j’ai l’original.

J’admire de plus en plus Monsieur vos lumieres, votre exactitude, et le bon usage que vous avez fait des livres les plus rares. Je n’admire pas moins les beautez incomparables, naturelles, vives de votre muse qui eclatent dans la derniere page de votre dernier paquet.

Peu s’en faut que je ne concoive de la haine pour l’abbé Ughelli qui en mettant la mort d’ Altilius à l’an 1484 m’a mis cent fois à la gene, et a eté cause qu’au lieu de rectifier une faute je l’ai empirée. Vous avez tres bien trouvé l’an mortuaire d’Altilius par le moien du dialogue de Pontanus.

Votre correctif d’« Adrovandus » est venu trop tard. Cet article est deja rimprimé, et j’y ai fait mettre par tout Aldroüandus. J’avois toujours cru que les Italiens prononcoient Mantoüano, et / non Mantovano.

J’ai prié Mr Magliabecchi de m’ap[p]rendre si Mr de Thou que j’ai suivi, s’est trompé de mettre la mort du Molza à l’an 1548. Je lui indique deux lettres du Concile de l’an 1543 où il est parlé de la maladie et de la mort d’un Molza avec de tels caracteres qu’on ne peut guere les prendre que pour le Molza dont j’ai parlé.

Il faut Monsieur que je vous fasse part d’une reponse plus precise que Mr de S[ain]t Evremont a faite à la question que je lui avois fait proposer. Deux personnes m’ont fait savoir ce qu’il a repondu. Le premier se contenta de m’ecrire qu’il se reconnoissoit l’auteur de la comedie des Academistes, mais le second a usé de distinction. Voici ses termes :

« Mr de S[ain]t Evremont a repondu qu’il est vrai qu’au sortir du college il avoit travaillé à la piece intitulée Les Academistes, qu’il n’y avoit pas travaillé seul, que le comte dont parle le Chevreana y avoit eu plus de part que lui, que d’autres encore y avoient contribué, que la comédie etoit fort mauvaise, mais / qu’il y a dix-huit ou vingt ans qu’on la lui renvoia, qu’il la retoucha, et la refit, que cette piece ainsi refaitte etoit fort bonne, mais qu’elle s’est perdue. »

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