Leyde, novembre 1698

Au très considérable et très célèbre Pierre Bayle, Thomas Crenius adresse son salut.

De même que devoir vivre ici privé de votre agréable compagnie me fend toujours le cœur, de même votre long silence a augmenté ma peine. J’ai pensé, en effet, que vous vous étiez éloigné de nous ou que vous nous aviez oubliés, bien que pour notre part nous ne vous avons pas fait défaut, en faisant demander par des amis à nous qui allaient visiter Rotterdam comment vous vous portiez et comment vous viviez. Que cela dure depuis longtemps, j’en prends Dieu à témoin. L’un de mes amis m’a ainsi appris que pour votre œuvre remarquable vous vous étiez adressé à un grand nombre de personnes, et à moi parmi tous ces gens, ce que je mérite d’autant moins que je suis plus disposé à le rechercher. Dans chacun de mes écrits j’ai été très attentif à votre renommée ; il me suffit pour la postérité de ne pas avoir été ignoré de vous. Les choses que vous me faites observer ensuite [dans votre lettre] au sujet d’Allix, je les ajouterai à l’édition de cette partie de mes Remarques, je l’espère, lorsque la première partie reparaîtra en Belgique ; les Oxoniens s’occupent déjà de la troisième (édition), corrigée et augmentée par mes soins ; la seconde édition parue ici à mon insu est en effet très fautive. Concernant l’édition de Pline publiée à Bâle par Gelenius en 1525 je ne puis rien affirmer, mais je crois bien que le chiffre 2 a été mis par erreur à la place du 3. Le fait que cette œuvre fut d’abord éditée à Vérone en 1468, puis à Rome et à Parme en 1470, puis peu de temps après à Venise en 1472, par Joannes Andreas évêque d’Aléria, en Corse, [comme cela figure] sur la première page, n’a pu vous échapper.

Johannes Harduin recense ceux qui ont écrit sur lui. Je n’ai jamais eu la Vie de Joannes Valentin Andreas, mais je sais qu’elle existe. Je vais également décevoir votre attente pour ce qui concerne la partie I et II des discours de Cicéron, mais pas pour la troisième, que je possède et qui est préfacée non par Jacob mais par Johannes Sturm. Au reste, si en quelque façon je puis vous rendre service, autant que me le permettent mon zèle et mes efforts, je le ferai volontiers ; et si je peux médiocrement pour toutes les autres choses, je vous répondrai du moins avec affection et des marques de reconnaissance par des lettres plus fréquentes.

Portez-vous bien.

A Leyde

Accueil| Contact | Plan du site | Se connecter | Mentions légales | icone statistiques visites | info visites 261850

Institut Cl. Logeon